Chronique sur Un Frère de Trop :
Je me suis fait un petit plaisir ce week-end, j’avais acheté ce roman dès sa sortie en octobre 2017, et j’ai enfin pris le temps de le lire. C’est le deuxième roman de Sébastien Théveny, il se frotte ici au genre du thriller et c’est pour moi réussi. Quand une lecture arrive à me faire oublier l’heure, à m’empêcher de dormir ou à me dépêcher de faire quelque chose pour vite revenir dedans, c’est pour moi un roman réussi.
Un frère de trop a répondu à toutes mes attentes. L’intrigue est bien ficelée, les personnages sont bien travaillés, les lieux aussi, des descriptions précises comme si on y était, des concordances d’événements ayant eu lieu, ajouté à tout cela un style fluide, un bon vocabulaire et la maîtrise d’un suspense jusqu’à la dernière page, avec des retournements de dernière minute insoupçonnés, vous avez ici tous les bons ingrédients d’une lecture totalement addictive.
Il est en plus bien construit. J’aime, lorsque dans une histoire, il y ait des retours dans le passé, cela donne des infos supplémentaires, rajoute une dose de piquant au mystère et rend la lecture stressante.
Ici, on va alterner entre l’été 1986 et l’été 2016. On fait la connaissance des enfants de la riche famille Lacassagne, Pierre-Hugues, Edouard et Marie-Caroline. Pour essayer d’évacuer les tensions existantes entre eux, ils organisent tous les trois une sortie en mer. Ces tensions sont dues essentiellement à leur père, Charles, qui veut que ses enfants aient un rôle particulier dans son entreprise et cela crée des frictions et jalousies entre eux. Pendant cette sortie, donc, les jeunes gens ont décidé d’enterrer la hache de guerre, ils fêtent ça, boivent un peu, ne font pas attention au mauvais temps qui arrive et l’accident arrive…Pierre-Hugues, le fils aîné, tombe à l’eau emporté par une vague et se noie. Drame et choc terrible pour son frère et sa sœur, mais aussi pour Charles, Lucie sa mère et Emilie, sa petite sœur. Un corps est repêché quelques mois plus tard, c’est celui de Pierre-Hugues, le deuil va pouvoir se faire, non sans mal.
Trente ans plus tard, à peu près au moment de la date anniversaire de la disparition de son fils, Charles, âgé maintenant, veut écrire ses mémoires. Il contacte un jeune journaliste parisien, Jérôme, et lui confie cette lourde tâche de retranscrire sa vie, son œuvre. Mais il ne peut faire abstraction de ce qu’il s’est passé, la mort du fils aîné a bouleversé la famille et est un élément important de leur vie. Jérôme, aidé par une jeune stagiaire, Colombe, va donc glaner des informations ici et là, et à chaque fois, tout ce qu’il peut trouver le rapporte à l’été 1986…et il va faire des trouvailles qui ne seront pas au goût de tout le monde !
La psychologie des différents personnages est vraiment finement travaillée. On retrouve ici avec justesse les difficultés que peuvent avoir les jeunes enfants de parents au pouvoir, certains acceptent, d’autres voudraient fuir, d’autres encore font des choses insensées pour se démarquer de ce père trop puissant. Jérôme est un jeune homme très perspicace, honnête et face à certaines révélations et secrets qu’il découvre, il se sent dans l’obligation de faire la lumière et de rendre public ce qu’il sait.
Comme je le disais plus haut, l’auteur a également respecté les dates de son récit. Et celle de juillet 2016 à Nice reste gravée dans nos mémoires à tous pour l’attentat terrible du 14 juillet sur la Promenade des Anglais. Sébastien Théveny a su faire évoluer ses personnages au moment de ses faits, retranscrivant bien les émotions et l’horreur de ces moments. Cela donne encore plus de réalisme et de profondeur au roman.
Pour ce qui est du suspense, j’ai été scotchée et suis allée de surprises en surprises en découvrant en même temps que Jérôme tous les secrets enfouis et les dégâts qu’ils peuvent faire lorsqu’ils sont révélés. N’est pas toujours méchant celui ou celle qu’on croyait, et une fois de plus, cette histoire, bien que fictive, me conforte dans l’idée qu’il faut être à l’écoute des autres et ne pas être dans le jugement.
Bon, je ne veux pas faire une longue chronique, de peur que vous vous lassiez…mais quand j’aime, j’ai du mal à retenir mes mots, j’aurais tellement de chose encore à vous dire, les références musicales, les touches d’humour et d’amour placées de ci de là, sans pour autant tomber dans la mièvrerie, tout est dosé avec finesse. Une lecture complète, enrichissante, émotionnellement forte, et surtout marquante.
Je vous recommande ce roman, une très bonne lecture pour moi, j’aime que l’on me surprenne et c’est ce qu’a fait Sébastien Théveny ici, qui est incontestablement un auteur à suivre.
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